Accueil Pascal Chellet, président des conchyliculteurs des traicts du Croisic : “L’intérêt des profils de vulnérabilité est de mettre tout le monde autour de la table”

Pascal Chellet, président des conchyliculteurs des traicts du Croisic : “L’intérêt des profils de vulnérabilité est de mettre tout le monde autour de la table”

Les profils de vulnérabilité conchylicoles vus par les professionnels. Interview.

Cap Atlantique a été très en pointe sur le dossier des profils de vulnérabilité conchylicoles. Quel rôle avez-vous joué dans ce dossier ?

L’intercommunalité a depuis longtemps pris conscience de l’importance de ce dossier. Elle a vraiment la volonté d’agir sur le plan environnemental. Elle dispose aussi d’une certaine efficacité politique puisqu’elle s’occupe de l’ensemble du dossier : c’est plus facile, il y a une unicité de décision. Sur ce dossier, j’ai effectivement participé et j’espère avoir été influent… Cela dit, il faut quand même rappeler que les risques de déclassements ont intensifié les actions.

Pourquoi cette démarche est-elle importante ?

Il y a eu d’abord le classement en C de la plage de La Baule il y a dix ans. Puis la menace, il y a quelques années, d’un classement en C pour les huîtres du Croisic. Dans les deux cas, les conséquences économiques pour nos activités ont été catastrophiques et cela pose un problème d’image pour tout le territoire, notamment pour la saliculture. La Baule a retrouvé son classement B et au Croisic, cela a été un détonateur : la réaction a été vive, positive et efficace. Une charte a été signée début 2014 pour impliquer tous les intervenants. Ils se sont engagés sur un calendrier pour adapter leurs pratiques. Nous avons eu une approche très pragmatique : nous avons discuté avec tous, en laissant le temps pour modifier certains comportements mais en maintenant les contrôles. L’important dans ce genre d’approche, c’est le suivi. Les profils de vulnérabilité sont les premiers actes nécessaires à cette reconquête de la qualité de l’eau, les plans d’actions et la charte en découlent.

Comment les profils de vulnérabilité ont-ils été abordés ?

Ils reposent au départ sur un état des lieux et un inventaire des pollutions potentielles. Nous avons collecté les données et multiplié les analyses sur les exutoires, il y en a une quarantaine au total. Des enquêtes ont été menées pour isoler les maisons ou les lotissements pollueurs. Lors des premières analyses, le constat était que tous les exutoires étaient plus ou moins contaminés. Aux dernières réunions, il n’y en avait plus que huit. C’est un bon résultat, sachant que l’on n’arrivera jamais à zéro pollution, il y aura toujours un “bruit de fond” dû aux accidents, aux déjections des oiseaux… Ce qui est passionnant, ce sont les actions qui découlent de ces analyses et qui aboutissent petit à petit à éliminer les pics de pollution et à diminuer le “bruit de fond”. La Ville de Guérande, par exemple, a commencé à lutter contre la cabanisation sur certains terrains.

Comment les professionnels accueillent-ils ces profils de vulnérabilité ?

De façon très positive ! Nous avons eu très peur et nous avons compris que ce document était indispensable pour hiérarchiser les actions et éviter de s’éparpiller. L’intérêt ici a été de mettre tout le monde autour de la table. On se connaît tous et on est tous concernés, même les communes pour la gestion des eaux noires de camping-cars par exemple, et nous pour les vidanges de bassins. Chacun à son niveau a été obligé de modifier ses pratiques. Reconnaissons les efforts et réjouissons-nous du classement B de La Baule et du classement A/B du Croisic, en restant vigilants bien sûr pour pérenniser ces bons résultats.

Quel est l’intérêt de ce genre d’approche ?

C’est l’image et la prise de conscience du public. Il est difficile, par exemple, d’expliquer que le réseau pluvial, dans le cas de réseaux séparatifs, part dans la nature… et qu’une crotte de chien dans le caniveau est une source de pollution sur notre territoire. Il faut beaucoup communiquer et c’est long. La bonne nouvelle, c’est que, pour les eaux littorales, de bons gestes ont été acquis et on ne fera pas marche arrière.

Et demain ?

L’enjeu est de réussir à maintenir cet esprit et cette implication car les dérapages arrivent vite. Il faut toujours continuer à communiquer et renforcer les procédures.