Effacement du plan d’eau du Pont Béranger : une renaturation qui a convaincu le propriétaire
Dans le cadre du contrat territorial eau Acheneau-Tenu, l’effacement de cinq plans d’eau sur cours d’eau est programmé pour limiter leur impact sur la qualité de l’eau et les écosystèmes aquatiques. Le premier effacement concerne le plan d’eau du « Pont Béranger », situé sur le ruisseau du Bréfauchet, affluent de la Blanche.
Pourquoi effacer ce plan d’eau ?
Historiquement utilisé comme étang de loisirs, il est aujourd’hui particulièrement dégradé : « le plan d’eau est complètement envasé, avec un mètre d’eau au plus profond, détaille Pierre Guinaudeau, technicien du Syndicat Grand Lieu Estuaire. L’aspect « réserve » d’eau est donc un leurre, l’effet miroir d’eau agissant comme trompe-l’œil sur la quantité d’eau stockée. En saison estivale, l’affluent ne coule plus dans la Blanche. Cette surface en eau du plan d’eau intercepte les débits de la rivière car les volumes « perdus » par évapotranspiration sont supérieurs au débit du cours d’eau. Ce phénomène s’additionne à la perte de qualité d’eau qui se réchauffe et perd en oxygène. Le peu de poissons qui restent se retrouvent en surface à chercher « de l’air ». »
Selon le technicien : « Il existe souvent une méconnaissance des impacts négatifs des plans d’eau. Les propriétaires les perçoivent comme des lieux favorables à la biodiversité et à l’agrément paysager. Cependant, le manque d’oxygène dans ces plans d’eau peut étouffer la biodiversité, entraîner une altération de la qualité de l’eau en aval et provoquer une augmentation des températures de l’eau. »
Lors de la définition du projet, le propriétaire aurait pu décider de redéfinir un plan d’eau tel qu’aménagé dans les années 1990, nécessitant un investissement financier important pour dévaser le plan d’eau, réparer la digue et lutter perpétuellement contre les espèces exotiques envahissantes (jussie colonisant le milieu, ragondins creusant les galeries dans la digue .) Avec l’accompagnement du Syndicat Grand Lieu Estuaire, il a pu prendre en compte les phénomènes précités et a choisi d’effacer son plan d’eau, pour reconquérir ce milieu naturel, porteur de nombreux services écosystémiques :
- Amélioration de la qualité de l’eau et de l’oxygénation du cours d’eau,
- Restauration de la fonctionnalité du cours d’eau et de la circulation des espèces aquatiques et des sédiments,
- Reconstitution de zones humides et de prairies pérennes,
- Réduction des risques d’inondation grâce à une meilleure absorption des crues.
- Piégeage du carbone et préservation de la biodiversité.
Une renaturation déjà visible
L’ouverture de la digue en 2024 a permis à l’eau de s’écouler librement et à la végétation de recoloniser l’espace. Olivier Fandard, coordinateur du Contrat Territorial Acheneau-Tenu, précise : « Nous avons pris le temps pour cette étape qui a permis à la nature de s’exprimer. Nous avons bâti le projet sur cette réponse naturelle car le cours d’eau a repris son tracé d’origine. »
Le propriétaire se dit convaincu : « J’ai rencontré à plusieurs reprises le syndicat Grand Lieu estuaire qui m’a fait prendre conscience de l’impact qu’avait ce plan d’eau sur les milieux. Il m’a guidé dans ma décision de le supprimer plutôt que de conserver un écosystème dégradé qui impactait la qualité et le débit du ruisseau. Maintenant que nous savons que notre plan d’eau accapare l’eau et dégrade sa qualité, nous avons hâte que les travaux soient réalisés pour redonner l’eau à tout le monde, aux voisins en aval mais aussi à la vie du ruisseau. »
La suite des travaux est prévue cet été avec l’effacement total du plan d’eau.
Plus d’informations sur le contrat territorial Acheneau-Tenu