Validation du SAGE Estuaire de la Loire : un cap ambitieux pour l’avenir de l’eau
Claude Caudal, Président de la CLE, revient sur les enjeux et les ambitions du nouveau SAGE Estuaire de la Loire.
Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) Estuaire de la Loire, validé par arrêté inter-préfectoral le 31 décembre 2024, marque une étape cruciale pour la gestion durable de l’eau sur un territoire couvrant 158 communes sur trois départements. Ce document stratégique, élaboré par la Commission Locale de l’Eau (CLE) fixe des objectifs ambitieux pour préserver la ressource en eau, restaurer les milieux aquatiques et anticiper les effets du changement climatique. Claude Caudal, Président de la CLE, nous éclaire sur les enjeux et les actions concrètes portées par ce nouveau SAGE.
Le nouveau SAGE Estuaire de la Loire a été officiellement lancé. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est un SAGE et son importance pour le territoire ?
Claude Caudal : Le SAGE, ou Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux, est un document stratégique qui permet de planifier la gestion de l’eau à l’échelle locale. Le périmètre d’action du SAGE Estuaire de la Loire s’étend sur un vaste s’étend sur un vaste territoire, structuré par la dynamique particulière de la Loire, depuis l’amont d’Ancenis jusqu’à son embouchure dans l’océan Atlantique. Il constitue, avec ses écosystèmes spécifiques et sa grande richesse écologique, une zone de transition allant des bassins versants qui sont associés à l’estuaire jusqu’au milieux littoraux et marins.
Pour atteindre le bon état de ses masses d’eau, le SAGE vise à trouver un équilibre entre la préservation des milieux aquatiques et les usages de l’eau : qu’il s’agisse de la production d’eau potable, des besoins agricoles, industriels ou encore des activités de loisirs.
Quelles sont les principales ambitions de ce nouveau SAGE ?
Claude Caudal : Nous avons identifié sept enjeux majeurs. En premier lieu, l’amélioration de la qualité des eaux, car aujourd’hui, seule une des 37 masses d’eau de type cours d’eau est en bon état écologique. Ensuite, la restauration des milieux aquatiques, la gestion équilibrée de la ressource pour faire face aux sécheresses croissantes, et l’anticipation des risques d’inondation, notamment dans les zones littorales impactées par l’élévation du niveau marin et le recul du trait de côte. Le SAGE porte aussi une attention particulière à l’estuaire, à son fonctionnement, et aux spécificités du littoral. Enfin, pour coordonner l’ensemble, il prévoit une gouvernance renforcée, impliquant l’ensemble des acteurs locaux.
Concrètement, quelles actions seront mises en œuvre ?
Claude Caudal : La CLE a défini 120 mesures concrètes pour répondre à ses objectifs. Parmi elles, la réalisation d’études approfondies sur la qualité de l’eau pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes et les sources de perturbation. Les données récoltées permettront de mener des programmes d’actions ciblées de réduction des pollutions (assainissement, agricoles, industries, …). D’autres études ont déjà commencé pour évaluer la quantité d’eau actuellement disponible sur le territoire et dans les décennies à venir en lien avec le dérèglement climatique.
Dans chaque sous bassins versants, des actions seront menées pour préserver et restaurer les milieux aquatiques, afin qu’ils retrouvent un bon état écologique et leurs fonctions naturelles. Par ailleurs, la CLE incite à une meilleure prise en compte des enjeux de l’eau dans les documents d’urbanisme. Sans oublier les campagnes de sensibilisation auprès du grand public et des professionnels, car la pédagogie est essentielle pour mobiliser l’ensemble des acteurs autour dans cette dynamique. Notons que ces mesures seront portées par l’ensemble des usagers de l’eau, c’est un véritable travail collectif.
Comment le SAGE prend-il en compte le changement climatique ?
Claude Caudal : C’est un axe transversal que nous considérons systématiquement dans toutes nos actions. Le changement climatique accentue les sécheresses, modifie le régime des crues, et impacte l’estuaire avec une remontée des eaux salées. Nous devons repenser la gestion de l’eau : favoriser l’infiltration des eaux de pluie dans les sols plutôt que leur évacuation rapide, protéger les zones humides, et adapter nos pratiques agricoles et industrielles pour limiter les prélèvements excessifs.
La mise en œuvre du SAGE ne fait que commencer. Quelle est la prochaine étape ?
Claude Caudal : Maintenant que le SAGE est validé, le vrai travail commence ! Nous allons nous concentrer sur sa mise en œuvre, avec un accent fort sur la concertation et la compréhension commune des enjeux. L’idée est d’aller sur le terrain, rencontrer les acteurs locaux — collectivités, agriculteurs, industriels, usagers, etc. — pour expliquer les mesures, écouter leurs préoccupations et construire ensemble les solutions adaptées. C’est un effort collectif qui s’inscrit dans la durée. La concertation est primordiale, on ne trouvera pas de solutions pour gérer durablement cette ressource dans le conflit, mais bien dans une dynamique de dialogue territorial.
Un dernier mot pour les habitants du bassin versant de l’Estuaire de la Loire ?
Claude Caudal : Oui, je tiens à leur dire que l’eau est notre bien commun. Sa préservation nous concerne tous. Ce SAGE est un outil puissant pour anticiper l’avenir et agir dès maintenant. Ensemble, nous pouvons relever le défi d’une gestion durable de l’eau, au bénéfice de notre territoire et des générations futures.

La commission locale de l’eau valide le Sage Estuaire de la Loire
Lancement des commissions territoriales : une dynamique collective pour l’eau
Mardi 11 mars dernier, la première Commission territoriale du SAGE Estuaire de la Loire s’est tenue à Cheix-en-Retz. Concernant le sous-bassin versant Acheneau-Tenu, elle a été coorganisée par le SYLOA et le Syndicat Grand Lieu Estuaire.
Cette rencontre marque le coup d’envoi de la gouvernance locale du SAGE, rassemblant une diversité d’acteurs : élus locaux, représentants de l’état, usagers de l’eau et partenaires techniques, engagés dans la gestion du petit et du grand cycle de l’eau.
Les commissions territoriales ont pour mission de faire connaître et de dynamiser la mise en œuvre du SAGE à l’échelle locale. Elles jouent également un rôle clé dans la coordination des politiques de l’eau sur le territoire.
Comme le souligne Claude Caudal, Président de la Commission Locale de l’Eau : « Le rôle de la commission territoriale est d’assurer la cohérence des actions portées par l’ensemble des maîtres d’ouvrage, qu’elles concernent le petit ou le grand cycle de l’eau. De nombreux programmes, portés par des acteurs variés, et ces commissions permettent de coordonner efficacement leurs interventions. »
Cette première réunion a ainsi permis de poser les bases d’une coopération renforcée pour une gestion concertée et durable de la ressource en eau. Neuf commissions territoriales correspondant aux sous-bassins versants de référence du SAGE vont être organisées au cours du premier semestre 2025.